mercredi 13 octobre 2021

Covid, sex et handicap... un risque pour les acquis ?

Les acquis

Commençons par lister ces acquis. Il y a certainement d’autres….
-    Reconnaissance du droit de la personne en situation de handicap à avoir droit à une vie affective et sexuelle.
-    Développement des réponses concrètes, notamment l’assistance sexuelle, pour répondre aux besoins des personnes en situation de handicap.

Les risques dus aux mesures sanitaires mises en place pour lutter contre la Pandémie

Pour illustrer mes propos, j’ai envie de prendre l’exemple des relations et des sexualités qui sortent de la norme, notamment le polyamour, car cela se prête bien pour commencer.

Avant la Pandémie, les personnes en situation de handicap avaient déjà beaucoup de peine à vivre des sexualités atypiques (plusieurs partenaires sexuels, polyamour, etc). Du fait de la nécessité de protection, notamment des institutions, ces types de relations étaient et sont pratiquement impossibles à avoir pour une personne en situation de handicap. De plus, l’influence judéo chrétienne joue aussi son rôle de ce fait.

Avec la COVID et sa distance sociale, ses gestes barrières, ses masques, et ses différents plans de protection, comment permettre à Paul de coucher un soir avec Corinne et le lendemain avec Sébastien ? C’est totalement contraire aux mesures sanitaires… Bien évidemment, avant le début de cette crise, on n’aurait pas aisément laissé Paul coucher avec Corinne et le lendemain avec Sébastien. Mais avec la distance sociale, les gestes barrières et tout ce qu’il s’en suit, Paul est maintenant assuré (avec le covid) de ne même plus pouvoir y penser !!!

Un autre aspect qui m’est important à mes yeux, c’est l’intimité. Pendant longtemps, on a considéré que les personnes en situation de handicap n’avaient pas d’intimité. Depuis dix ou vingt ans, l’intimité s’est heureusement cultivée, mais parfois jusque dans l’autre extrême : l’idée des douches collective après le sport, lors d’un camp par exemple, avec des personnes dépendantes en fauteuil, par exemple, est devenue inenvisageable pour un certain nombre de moniteurs ou d’accompagnants avant la COVID, au nom du sacro-saint respect de l’intimité individuelle. Alors que je trouve qu’il y aurait aussi des bénéfices à partager parfois des moments de nudité collective du-moins pour celles et ceux qui la souhaitent. Alors imaginez, si on ajoute maintenant les mesures d’hygiène liées à la pandémie…cette possibilité d’expérimenter une fois des douches collectives devient tout à fait illusoire.

Pour revenir à ceux qui vivent une sexualité « classique », la Pandémie a aussi été un obstacle pour que les personnes handicapées puissent continuer d’exercer leur une vie sexuelle. Catherine Agthe a écrit dans un article dans lequel elle évoque que lors du premier semi-confinement certains couples en institution n’avaient plus l’autorisation de partager leur chambre ensemble.

J’ai le sentiment que la Pandémie a cassé un élan dans les rares ouvertures pour développer des réponses concrètes pour répondre à des demandes affectives et sexuelles atypiques pour réduire le quotidien à la seule distance sociale, aux gestes barrières, au port du masque en continu et aux plans de protection… Je garde l’espoir que certaines personnes oseront poser des actes malgré le contexte sanitaire ambiant, pour que la vie reprenne le dessus.

Les masques

J’ai envie de parler ici des masques. On est tout à faire d’accord avec le fait qu’avant mars 2020, on ne portait extrêmement peu souvent des masques pour s’occuper des personnes en situation de handicap ou dépendantes. Maintenant, c’est au quotidien que ces personnes doivent avoir des personnes masquées pour s’occuper d’elles. Trouvez-vous cela normal ? A quel moment nos autorités vont-elle autoriser le personnel des EMS, institution et autres à ne plus porter le masque. Je suis convaincu que le masque ne doit pas rester ad vitam aeternam dans ces établissements car cela rendrait la prise en charge des personnes en situation de handicap extrêmement médicalisée et enlèverait un peu de l’humain. Mais la question de la fin du port du masques dans ce type de prise en charge va être extrêmement délicate à gérer pour nos Autorités. J’ai l’impression que nos autorités se sont créé une situation ou l’abolition du port du masque va être quelque chose de difficile à s’en sortir.

Toujours sur le port du masque, il est intéressant de relever qu’il y a eu une baisse des assistances sexuelles car les assistantes sexuelles doivent porter le masque tout le long. C’est vrai que les travailleuses du sex porte aussi le masque. Mais, vous admettez que pratiquement personne ne veut avoir des relations sexuelles avec une personnes masquée. Enfin avec un masque chirurgical, pour les autres masques c’est à chacun son délire…

Donc, on fait quoi ? Et une fois la Pandémie finie ?

Je pense que tant que les gestes barrières, la distance sociale et le port du masque resteront d’actualité, notamment dans les recommandations officielles des Autorités, je pense que on aura une barrière supplémentaire. Même si j’espère que les choses se font avec pragmatisme, la pandémie n’a amené rien de bon pour cette cause. A titre personnel, je pense que nos autorités devront un jour déclarer la fin des gestes barrières, de la distance sociale et du port du masque…

Je tiens à rappeler que la santé sexuelle fait partie de la santé en général. Le droit à la santé en général est garanti par la CDPH, la Convention des droits de l’Homme en autre… Il me paraît d’autant plus important de préserver ce droit en temps de pandémie…Il me paraît important que la personne connaisse les risques d’avoir une ou des relations sexuelles en ces temps de pandémie et de les assumer. Qui a continué à dormir avec sa ou son partenaire au premier semi-confinement du printemps 2020 ? Il me paraît important de laisser les personnes en situation de handicap laisser prendre des risques. Le risque zéro n’existe pas.

dimanche 10 octobre 2021

Interpellation « Fin de la distribution de boîtes de masques par le Canton aux bénéficiaires de prestations sociales : La Commune doit-elle prendre le relais ? »

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,

Depuis la mi-juillet 2020, Le Canton distribuait des boîtes de masques aux personnes rencontrant des difficultés financières touchant des prestations sociales. Chaque bénéficiaire avait droit à une boîte de 50 masques par mois. La distribution se faisait par l’AVASAD via les CMS. Selon le site internet de l’AVASAD, il y a eu plus de 92'000 boîtes de masques qui ont été distribuées.

Malheureusement, le Canton a décidé de cesser la distribution le 23 juillet dernier. Le Canton, selon le site de l’AVASAD, justifie sa décision en disant que le port du masque a été assouplit fin juin par le Conseil Fédéral. L’interpellateur s’étonne de cet argumentaire car s’il est vrai que des assouplissements ont eu lieu pour le port du masque, notamment à l’extérieur et dans les bureaux, celui-ci reste obligatoire dans les transports publics et les endroits clos accueillant du public (commerces, bars et restaurants, lieux de loisirs, etc.). De plus, cette décision est encore plus incompréhensible lorsqu’on sait, et de nombreuses études le prouvent, que les classes les plus défavorisées sont les plus atteintes par la COVID. Enfin, cette décision intervient dans un contexte d’incertitude lié au variant DELTA, ce qui rend la décision encore plus paradoxale…

Si les personnes suivent scrupuleusement les recommandations concernant le port du masque (le porter maximum 4h, en changer à chaque fois, …), cela peut engendrer un petit budget pour une famille aux revenus modestes.

Compte tenu de tout cela, il y a lieu de se demander si la Commune doit prendre le relais. Même si on peut que regretter que ça soit les Communes qui devront s’en charger si elles veulent que leur administré les plus modestes continuent à bénéficier de cette prestation, la question est légitime. On pourra alors critiquer que ça soit un transfert de charge du Canton aux Communes dans un contexte sensible de relation Canton-Communes à propos du financement des prestations sociales.

Enfin, il est lieu de rappeler que la population chavannoise est parmi des plus pauvres du Canton. L’abandon de cette prestation est encore plus dommageable pour nos concitoyens.

Ainsi, je pose à la Municipalité les questions suivantes :

-    Les Communes ou leurs associations faîtières, ont-elles été consultées par le Canton concernant cet abandon de cette prestation ? Si oui, quelles a été leur position et, en particulier, quel a été la position de notre Municipalité ?
-    Les Communes, cas échéant notre Municipalité, ont-elles manifesté leur désaccord, s’il y a désaccord, au Canton ?
-    La Municipalité serait-elle prête à financier une telle prestation afin de suppléer le manque due à l’arrêt de la prestation cantonale ? 


Julien-Clément Waeber
Conseiller communal 


Chavannes, déposée le 02.09.2021
Mise à l'ordre du jour le 07.10.2021