samedi 26 juin 2021

Covid: les personnes handicapées protégées malgré elles?

 

Chronique parue dans le 24 heures
24 heures
En plus d’une année, le Covid a bouleversé nos vies. Nous avons tous dû nous réapproprier de nouveaux codes sociaux: gestes barrières, distance sociale, port du masque. Des plans de protection et autre protocoles sanitaires, plus ou moins drastiques, se sont mis en place, notamment sous l’obligation de nos autorités.
Quels impacts sur les personnes en situation de handicap? Il est paradoxal de constater que leur entourage les considère souvent comme des personnes dites «vulnérables», alors que la liste de l’OFSP n’inclut pas les handicaps, hormis la trisomie 21 (depuis mi-mars).
Dès lors, il devient intéressant (et relativement urgent) de s’interroger: les personnes qui s’occupent et assistent les personnes dépendantes devront-elles donc porter le masque même après le Covid? Ou à partir de quand seront-elles autorisées à ne plus s’en affubler? Et si c’était les personnes en situation de handicap qui donnaient le signal, souhaitant ne plus être sous le joug du masque parce que ne se considérant pas (ou ne voulant pas être considérées) comme vulnérable ou comme un «objet de soins»?
Que signifie le fait qu’on fasse attention avec une personne en situation de handicap alors qu’on continue d’embrasser ses amis proches et sa famille? Je crains que si les gestes barrières et la distance sociale restent le standard de notre quotidien sur le long terme, l’impact sur la vie affective, sociale, intime et sexuelle des personnes en situation de handicap en soit important.
En effet, je redoute l’accroissement des contraintes de protection et de désinfection dans les lieux d’hébergement, les établissements socio-éducatifs (ESE), ainsi que dans les organisations proposant des activités (culturelles, sportives, de loisirs et de vacances) accueillant des personnes en situation de handicap, par respect des sacro-saintes mesures sanitaires.
Que restera-t-il de naturel, de spontané, du «non-hygiénique», d’abord? Les personnes en situation de handicap payeront le prix fort, plus que toute autre personne dans cette société! Leurs contacts sociaux et affectifs seront limités (ils le sont déjà de fait!), de même que leurs possibilités d’accéder à des réponses concrètes en matière de vie sexuelle.
La «prédominance sanitaire» actuelle risque d’engendrer petit à petit (c’est déjà le cas) et de manière insidieuse – parce que sous le couvert généreux de la protection! - une nouvelle restriction sexuelle pour les personnes en situation de handicap, alors que ces dernières ont tant milité pour faire valoir leurs droits dans ce domaine. Et qu’elles avaient joyeusement avancé pour accéder à certains plaisirs… Avant la pandémie, il n’était pas forcément toujours acquis que les personnes en situation de handicap puissent vivre leur sexualité comme elles le souhaitaient, mais avec le Covid, on risque de régresser…

Interpellation : « Un an après, il est temps d’agir contre les violences homophobes et transphobes ! »

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,

Les personnes LGBTIQ sont régulièrement victimes de discriminations et d’agressions physiques et psychologiques en raison de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou de leur expression de genre. Ces violences visent plus particulièrement les jeunes, voire mêmes les mineur·e·s. D’après un rapport de l’organisation Pink Cross, en 2019, le nombre de crimes de haine signalés à la « LGBTIQ-Helpline » a drastiquement augmenté : plus d’un signalement par semaine, alors que la très grande majorité des agressions ne sont pas recensées. En plus des insultes, environ une victime sur trois a subi de la violence physique. Ces violences ont de lourdes conséquences psychologiques pour les victimes ainsi que pour l’ensemble de la communauté, qui continue de vivre avec la peur d’être soi-même.

Le 9 février 2020, la Suisse a dit OUI à la protection des personnes LGBTIQ contre la haine, les Chavannoises et les Chavannois soutenant même l’extension de la norme pénale contre l’homophobie à 80.16%. Si la population a envoyé un signal très clair, la loi ne suffit malheureusement pas et les mesures de prévention et de sensibilisation font toujours défaut.

Les violences psychologiques et physiques que subissent les personnes LGBTIQ ne représentent que la pointe de l’iceberg de l’ensemble des discriminations auxquelles elles font face, dont notamment le harcèlement scolaire et en ligne, les difficultés familiales ou encore la concrétisation de leurs droits. Dans le domaine professionnel, les personnes LGBTIQ subissent des discriminations qui péjorent leur parcours professionnel (accès à l’emploi, à la promotion, etc.).

L’association Stop Suicide rappelle que les jeunes homosexuel·le·s présentent un risque 5 fois plus élevé de suicide que les jeunes hétérosexuel·le·s et que ce risque est 10 fois plus élevé chez les personnes transgenres que chez les personnes cisgenres (dont l’identité de genre correspond au sexe assigné à la naissance). Cela est tout simplement inacceptable. Les autorités politiques ne peuvent pas rester inactives et doivent agir contre les discriminations et l’hostilité envers les personnes LGBTIQ. À ce titre, le Conseil fédéral a précisé qu’il appartient aux cantons et aux communes de compléter la nouvelle norme pénale par des mesures adéquates de prévention, de sensibilisation, d’intervention et de monitorage conformément au principe de subsidiarité.

Au vu de ce qui précède, j’ai l’honneur de poser à la Municipalité les questions suivantes :

Question 1 : La Municipalité et/ou la POLOUEST disposent-elles d’une statistique sur les crimes commis en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre d’une personne ? La Municipalité et/ou la POLOUEST ont-elles identifié des lieux dans l’espace public plus propice aux agressions visant les personnes LGBTIQ ?

Question 2 : Quels sont les moyens mis en place par la Municipalité afin de sensibiliser le personnel de l’administration communale à la problématique des discriminations visant les personnes LGBTIQ ?

Question 3 : Quelles sont les différentes mesures de lutte et de prévention contre l’homophobie et la transphobie que la Municipalité et/ou la POLOUEST ont pris ou envisage de prendre à destination du grand public ?

Julien-Clément Waeber
Conseiller communal

Chavannes, déposée le 22.04.2021
Mise à l'ordre du jour le 17. 06. 2021

 

  Personnes LGBTIQ signifie personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuelles, Trans, Intersexes et Queers.
  Parini, L. (n.d.). Être LGBT au travail : résultats d’une recherche en Suisse. Institut des études genre, Université de Genève, et Fédération genevoise des associations LGBT. Consulté le 20 février 2021 sur https://diversite-au-travail.ch/wp-content/uploads/2015/10/LGBT_Travail_resultats_recherche_OK.pdf  
  Stop Suicide. Le risque de suicide parmi les personnes LGBT. Genève. Consulté le 19 février 2021 sur https://stopsuicide.ch/wp-content/uploads/2017/07/Publications_STOP_Suicide_et_LGBT.pdf
  Réponse du Conseil fédéral au postulat Angelo Barrile « Plan d’action national contre les crimes de haine anti-LGBTQ ».